L’objectif est clair : rétablir la stabilité politique et favoriser une sortie de crise durable à travers la concertation entre les différentes forces vives du pays.
Un contexte complexe mais porteur d’espoir
La départ du président Rajoelina à la suite à des manifestations de la jeunesse malagasy — la “Génération Z” — qui ont exprimé un profond ras-le-bol face à la pauvreté persistante, aux inégalités et au sentiment d’exclusion.Soutenues par une partie de l’armée, ces mobilisations ont ouvert la voie à une transition inattendue mais désormais incontournable.
La SADC, en annonçant la mise en place de canaux officiels d’écoute des citoyens (WhatsApp et SMS), invite l’ensemble des Malgaches à partager leurs visions et propositions pour l’avenir du pays.
Cette démarche mérite d’être saluée — elle témoigne d’une volonté d’inclusion et de transparence dans la construction du futur politique de Madagascar.
Le secteur privé : le grand oublié des transitions politiques
Pourtant, dans les processus de dialogue précédents, une catégorie essentielle d’acteurs est souvent restée sous-représentée : le secteur privé.Et c’est là que réside l’un des plus grands défis — mais aussi l’une des plus grandes opportunités — de la transition actuelle.
Madagascar compte plus de 400 000 entreprises enregistrées, dont une grande majorité de TPE et PME.
Pourtant, moins de 7 500 d’entre elles adhèrent à un groupement patronal ou à une organisation représentative (Fivmpama, GEM, SIM, etc.).
Autrement dit, 98 % des entreprises malgaches n’ont pas de voix officielle dans les discussions nationales.
Et si l’on inclut le secteur informel, ce sont près de 2 millions d’acteurs économiques — artisans, petits commerçants, micro-entrepreneurs — qui participent chaque jour à la vie économique sans jamais être consultés.
Ces entrepreneurs sont pourtant ceux qui créent des emplois, innovent localement et maintiennent la cohésion sociale dans un pays où plus de 75 % de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour.
Un dialogue national plus inclusif : une nécessité stratégique
La reconstruction du pays ne peut pas reposer uniquement sur des accords politiques.Elle doit aussi s’appuyer sur une reconstruction économique, portée par ceux qui, chaque jour, font tourner la machine : les entrepreneurs, les employeurs, les investisseurs, les formateurs et les innovateurs.
Le dialogue national devrait donc inclure :
- des entrepreneurs indépendants et dirigeants de PME, qui connaissent les réalités du terrain ;
- des conseillers en stratégie et en développement, capables de traduire les besoins du secteur privé en politiques publiques concrètes ;
- des représentants du secteur informel, qui font vivre l’économie locale dans les zones rurales et périurbaines ;
- et des acteurs d’influence économique, visibles sur les réseaux sociaux, qui fédèrent et inspirent une nouvelle génération d’entrepreneurs.
Un dialogue élargi à ces catégories renforcerait :
✅ La légitimité du processus politique ;
✅ La confiance entre l’État, les entreprises et la population ;
✅ La cohésion sociale par une meilleure répartition des opportunités économiques ;
✅ L’efficacité des réformes, car elles seraient basées sur des réalités de terrain.
Vers une nouvelle culture de concertation économique
Les groupements patronaux jouent un rôle important, mais ils ne peuvent pas, à eux seuls, représenter toute la diversité économique du pays.Il est donc temps de réinventer la concertation entre les pouvoirs publics, les institutions régionales comme la SADC, et les acteurs économiques de toutes tailles.
Cela peut passer par :
- la création d’un forum permanent public-privé élargi, ouvert aux nouveaux acteurs économiques ;
- des consultations sectorielles thématiques (agro-industrie, numérique, tourisme, énergie, etc.) ;
- et une valorisation du digital (réseaux sociaux, plateformes d’écoute citoyenne) pour capter la voix des entrepreneurs non structurés.
Une responsabilité collective
Le succès de cette transition dépendra de la capacité du pays à écouter toutes ses forces vives, et pas uniquement les élites politiques.Les entrepreneurs malgaches ont prouvé leur résilience face aux crises, à la bureaucratie, à l’instabilité et au manque d’infrastructures.
Leur expérience, leur pragmatisme et leur capacité d’innovation sont des ressources indispensables pour refonder Madagascar.
Le dialogue national annoncé par la SADC est une opportunité historique.
Mais pour qu’il produise un vrai changement, il doit inclure le secteur privé dans toute sa diversité — des grandes entreprises aux petites initiatives individuelles.
Donner une voix à ceux qui créent de la valeur, c’est préparer une transition politique crédible et une relance économique durable.
Et c’est aussi redonner confiance à un peuple qui n’attend plus des promesses, mais des résultats concrets.
Mais pour qu’il produise un vrai changement, il doit inclure le secteur privé dans toute sa diversité — des grandes entreprises aux petites initiatives individuelles.
Donner une voix à ceux qui créent de la valeur, c’est préparer une transition politique crédible et une relance économique durable.
Et c’est aussi redonner confiance à un peuple qui n’attend plus des promesses, mais des résultats concrets.
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