Madagascar : 4.400 tonnes de vanille exportées en 2024, un record aux multiples enjeux

En 2024, Madagascar a atteint un niveau record d’exportations de vanille : environ 4 400 tonnes. Jamais la Grande Île n’avait expédié une telle quantité de « l’or noir », consolidant sa place de leader mondial (près de 80–85 % de la production mondiale). Derrière ce chiffre impressionnant se cachent des causes précises, des avantages économiques certains… mais aussi des défis majeurs à relever pour l’avenir de la filière.


Pourquoi un tel record en 2024 ?

1. Des stocks accumulés écoulés sur le marché
Les volumes exportés reflètent surtout une stratégie de liquidation des stocks précédents. Ainsi, près de 4 300 tonnes ont été vendues dès le premier semestre 2024, mais la demande a fortement ralenti par la suite.

2. Une meilleure organisation de la campagne
Le calendrier d’exportation a été mieux encadré, réduisant les blocages administratifs et fluidifiant les sorties de gousses.

3. Anticipation des acteurs
Face à des incertitudes sur les prochaines récoltes (climat, cyclones, etc.), beaucoup d’acheteurs ont sécurisé leurs volumes dès le début d’année.
 

Les avantages pour Madagascar

  • Un apport massif en devises : la vanille reste la première source de recettes d’exportation de Madagascar. Même à des prix en baisse, 4 400 tonnes représentent des centaines de millions de dollars injectés dans l’économie.
  • Des milliers d’emplois soutenus : de la pollinisation manuelle à la préparation des gousses, des dizaines de milliers de familles vivent directement ou indirectement de cette filière.
  • Une valorisation internationale : malgré la concurrence croissante (Ouganda, Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée), Madagascar reste la référence mondiale en termes de qualité.
  • Vers plus de transformation locale : des programmes comme One District, One Factory cherchent à capter davantage de valeur ajoutée sur place, via la production d’extraits ou de produits finis destinés à l’exportation.
 

Les défis persistants

1. Volatilité du marché
Après avoir dépassé 400 $/kg en 2018, les prix se sont effondrés autour de 50–70 $/kg (prix plancher officiel), et parfois moins sur le marché noir. En 2025, certaines transactions descendent à 1,5 $/kg, signe d’une surproduction mondiale.

2. Risques climatiques
Les cyclones et la variabilité climatique menacent directement les plantations. Le cyclone Gamane en 2024 a rappelé la fragilité de la filière.

3. Problèmes de qualité et de sécurité
Les vols de gousses et les récoltes prématurées continuent d’affecter la qualité malgache, malgré des efforts de contrôle.

4. Concurrence accrue
D’autres pays producteurs montent en puissance. L’Ouganda notamment, avec des volumes en croissance, attire une part de marché grâce à une meilleure stabilité politique et logistique.

5. Bureaucratie et rigidité réglementaire
Les formalités douanières, la fixation d’un prix minimum à l’export et les blocages administratifs découragent certains acheteurs et réduisent la compétitivité.
 

Quelques pistes de solutions pour l’avenir ?

  • Renforcer la résilience climatique : développer des plantations plus diversifiées, introduire des techniques agroforestières et des infrastructures anti-cycloniques.
  • Améliorer la qualité et la traçabilité : généraliser la certification, renforcer la surveillance communautaire et lutter contre les vols pour préserver l’image de la vanille malgache.
  • Alléger les procédures administratives : simplifier les formalités d’export et instaurer une meilleure transparence dans la fixation des prix.
  • Stimuler la transformation locale : encourager la production d’extraits, poudres et arômes sur place pour capter plus de valeur ajoutée.
  • Diversifier les débouchés : au-delà de la confiserie et de la parfumerie, cibler les industries pharmaceutiques et cosmétiques, et développer un marché local (tourisme, gastronomie).
  • Renforcer les coopératives paysannes : mutualiser les efforts pour donner plus de poids aux producteurs face aux grands exportateurs.

Le record de 4 400 tonnes exportées en 2024 illustre la puissance et le potentiel de la filière vanille malgache. Mais derrière cette réussite se profilent des défis structurels qui, sans solutions rapides, pourraient fragiliser à long terme ce pilier de l’économie nationale.

L’avenir de la vanille à Madagascar dépendra de la capacité des acteurs – État, exportateurs et paysans – à transformer ce succès quantitatif en une filière durable, résiliente et créatrice de valeur pour tous.

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